Malte, poudre de soleil, poudre de sel
Je me penche pour la première fois sur une carte de l’île et j’y découvre une langue étrange, à la limite du prononçable: Marsaxloxx, Il-Mdina, Ghajn Tuffieha… ça sonne un peu alien, à la manière des arrêts de métro en pinyin, à Taipei. Enchantée, je suis!
Tracer des parallèles, c’est comme inscrit dans ma stratégie d’adaptation depuis que j’ai fait de la vie un long voyage. Et c’est lorsque j’en suis incapable que je jubile! Boum, une nouvelle ambiance, un rythme inconnu, un fumet qui ne ressemble à rien d’autre, une saveur qui s’inscrira à jamais dans ma nostalgie… Jusqu’à ma prochaine, qui sait, visite?
Quand nous reverrons-nous? Ne jamais rien prendre pour un acquis. Ainsi, à chaque détour, une pancarte défraîchie, un jeu de lumière ou un stand de marché prendront la forme qu’ils auraient toujours dû avoir: une surprise, un petit plaisir.
À Malte, l’exercice est on ne peut plus simple: quelqu’un aurait-il planté là le décor idéal pour une chasse à l’impromptu? À mon arrivée à La Valette, je me laisse séduire par le jaune très doux de la roche calcaire, par le contraste presque calculé de ses fenêtres sur la mer. Difficile de ne pas exulter à la vue de ses façades, arrangées d’une façon, disons, intemporelle.
Mesurer le temps qui passe, de ses fortifications, de ses jardins suspendus avec vue. Combien de couchers de soleil a-t-on vu, d’ici?
Mais c’est à Birgu (Città Vittoriosa) que j’ai eu mon plus gros coup de coeur. Il est né dans l’acte de traverser la baie sur une gondole, dans l’idée simple de prendre la mer pour quelques minutes.
Oh, le sel sur mes doigts! La mer me manquait. La mer me manque toujours mais parfois je l’oublie, comme on oublierait un vieil amour. Et puis elle te touche, au détour d’une rue, et les souvenirs affluent. La mer ne se laisse jamais vraiment. Alors quand elle revient dans ta vie, tu la prends, tout simplement.
À Birgu, si ce n’était pour les plantes déposées partout et les (très) occasionnels passants, j’aurais pu me croire dans une cité dormante. Une belle parée pour son premier baiser, de toute évidence.
Au détour d’un amas de verdure façon jardin anglais, mais de rue, j’entends un maltais raconter ses îles:
Nous sommes une nation de drapeaux, de couleurs et de feux d’artifice!
Il y a, sur ce petit pays posé entre les ondes, une fierté placide, un accueil méditerranéen (lire: invitant, chaleureux, abondant) un mélange de cultures difficile à saisir tout simplement parce qu’il ne ressemble à rien d’autre: il est Malte.
Et si, aux tables, les mets italiens sont servis à foison, peut-on en faire tout un plat? Car qui n’aime pas manger italien? Surtout lorsqu’on est si près d’elle. En quatre jours, je m’en suis tranquillement passée, mais à vivre ici, pas de raison que je ne me laisse tenter.
Dans un dernier élan, j’ai fini par traverser l’île principale, alors que je comptais concentrer ma découverte autour de La Valette. Je voulais capter un peu de l’arrière-pays et surtout, embrasser l’amie mer. Cela ne m’a pris qu’une heure trente sur un bus un peu cahotant. J’ai atterri à Ghajn Tuffieha, une baie comme je les aime: aux allures sauvages. Un terrain de jeu qui s’étend au-delà de la baignade, une agréable senteur de sel, à fond les narines.
Arrivée au sommet de la colline, je repère un jeune homme qui ne cadre pas du tout avec le paysage. Gagné, il travaille ici, mais n’est pas d’ici. Il aime grimper là-haut pour changer d’air. Il m’offre sa compagnie avec galanterie. Je décline: « Merci, mais je dois aller saluer Ma Valette, car je ne sais pas si, et quand! je pourrai la revoir. »
Nous prenons un dernier café sur ses escaliers dépareillés, elle partage avec moi une dernière volée de goûts et de sons bien de chez elle, et puis elle me met dans un taxi pour l’aéroport.
Adieu, Malte! À la prochaine!
À lire aussi: Que faire à La Valette et sur l’île de Malte? Le guide
Remerciements à KAYAK.fr pour avoir rendu ce voyage et cet article possibles! Les opinions et choix éditoriaux me sont propres.
Par Corinne Stoppelli
Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?
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(10 commentaires)
J’y étais il y a à peine 15 jours… Un régal de me replonger dans mes vacances grâce à toi…
Merci :)
De très jolies photos. J’avoue que Malte m’attire beaucoup et j’espère pouvoir y faire un tour assez rapidement. Dommage, 4 jours paraissent bien trop court. Mais ce n’est que partie remise, je l’imagine ? :)
Merci Kevin! Et absolument pour la partie remise :)
Michel De Longueuil Bravo Corinne continue ne laisse pas tomber j’aime vraiment lire ton vécu ton voyage sans fin j’aime quand tu te raconte et nous fait profiter de tout ces moments de bonheurs au fil de tes journées, merci de nous partager ces délicieux moments à saveurs de chocolat ou bien d’autres choses trouvées au fil de ta grande escapade autour du monde félicitation,ne laisse pas tonner Merci.
Merci de tout coeur, Michel :)
Jolie ballade en mots et en photos … j’ai gardé une sorte de goût amer de mon unique passage là-bas … peut-être les circonstances … Si tes pas te ramènent vers Malte, ne manque pas l’île de Gozo, souvenir éblouissant …
Merci :) C’était des circonstances personnelles, ou? Oui, j’aimerais ça aller voir Gozo la prochaine fois :)
J’ai visité Malte en 2013, il y a tant de chose à voir Mdina, Dinglycliff, le village au nom imprononçable mais dont tous les bateaux figurent sur les cartes postales.
C’est une super île, merci pour se partage
J’y étais il y a 20 ans bon sang. Oui, que c’est beau! Y retourner, oui, un jour! Philippe