Istanbul, pour tous tes sens
C’est la suite de: Sur un coup de tête, vers Istanbul
Un peu de chaos? Cela faisait longtemps. D’autant que je me souvienne, rien n’a jamais égalé Manille en terme de fourmillement désordonné. Hong Kong est aussi plutôt bien placée sur le podium, mais j’y trouvais un certain ordre, presque une géométrie. Je devrais tranquillement m’en sortir à Istanbul. Une journée dehors et me voilà apte à chasser böreks, kebabs, délices turques diverses, mais surtout quelques impressions fugaces… Je suis dans le bain.
Trois jours à Istanbul, c’est terriblement court, je sais. Mais je suis liée aux dates parce que mon Interrail court toujours (et touche doucement à sa fin) et aussi parce que les ressources s’amenuisent dangereusement. C’est un voyage au bout de mon compte bancaire!
J’applique à Istanbul une nouvelle méthode de découverte. D’habitude, je demande aux habitants ce qu’il y faut voir absolument, mais la plupart du temps, si je ne les connais pas déjà un peu, ou si je n’ai pas le temps de leur expliquer ce que je recherche (chose que je sais à peine me décrire à moi-même, d’ailleurs) les gens ont tendance à me balancer les monuments et les coins prisés par la plupart. Bref, ça marche une fois sur deux.
Faute de gens, une autre méthode est la sortie de métro au pif, celle qui sonne drôle ou familière, et l’exploration sans méthodologie aucune (ça a plutôt bien fonctionné jusqu’ici).
Donc, cette nouvelle méthode? Je laisse le soin à mon estomac de décider. Je cherche un restaurant traditionnel, typique (et pour le coup, les habitants inconnus sont nettement plus habilités à me donner une bonne adresse), je me fourre la panse et je procède ensuite à ma perte volontaire habituelle en alliant l’utile à l’agréable (la digestion, oui, c’est ça)!
Alors, lorsqu’à Istanbul je me retrouve (par le plus grand des hasards) sur le pont de Galata (simplement parce qu’il fallait le traverser) avec tous ses pêcheurs, j’y perds une heure et demie à les regarder comme une gamine à un cortège de Disneyland. Quand on ne lit rien d’un endroit, on se fait toujours surprendre.
De l’autre côté du pont, je me glisse derrière une file d’attente d’au moins cent personnes (pour ce qui semble être un guichet de loterie) et plus j’avance, plus je me retrouve submergée par les gens qui font leurs emplettes au milieu de mille boutiques serpentant dans tout le quartier. Wow!
Et d’un coup, me voilà sous une arche… Le Grand Bazar. Oui, le hasard m’a mené au Grand Bazar et je n’étais même pas sûre à cent pour cent qu’il s’agissait là du nom du labyrinthe à tapis et dorures dont j’avais ouï dire quelque part, à un moment donné vague de mon passé. Je suis entrée, j’ai eu ma confirmation et je m’y suis perdue avec délices.
À l’autre bout du Bazar, je prends une petite porte sur un marché ouvert, je trouve une autre arche similaire, mais plus petite, et me voilà dans le marché au livres, Sahaflar Çarşısı et, plus loin encore, dans un petit marché à taille plus humaine où chacun semble vendre ses petites affaires pour son compte.
Je me pose sur un rebord, histoire de reprendre mes esprits et de noter deux trois impressions dans mon carnet et là, les minarets de la mosquée toute proche me hurlent dans les oreilles: frissons garantis! À part la Malaisie, la Turquie est mon premier pays à confession musulmane et, en ladite Malaisie, j’étais plutôt du côté de Bornéo où les confessions sont mélangées. Donc non, je n’avais encore jamais entendu ça!
Sur le chemin du retour, je remets en marche ma technique de la bonne adresse pour un petit café et quelques sucreries. J’escalade ce qui doit être la ruelle la plus en pente de la ville, ouf! Et encore une fois, surprise: je me retrouve face à la tour de Galata!
Et non, je n’ai pas grimpé… Je suis plutôt allée m’asseoir à mon petit café, tout décoré de velours et de vieilleries. J’ai délicatement porté à mes lèvres ma porcelaine de café turc (oh, plaisir!), me suis saupoudrée sans vergogne du sucre glace de mes pâtisseries faites maison et j’ai laissé le temps doucement s’écouler sur moi jusqu’à en perdre toute notion.
Lire la suite: Athènes, ma gardienne
Par Corinne Stoppelli
Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?
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(7 commentaires)
On passe encore un très bon moment à te lire :-)
L’extrait sonore est saisissant, on à vraiment l’impression d’être là avec toi dans la rue. Tu utilise quoi pour tes prise de son ?
Merci Olivier! C’est l’application Voice Memos de mon iBidule :) Pas de micro, rien!
Merci à toi :-)
Hey!
J’ai pris un grand plaisir à lire ton article, je suis tombée aujourd’hui sur ton blog en lisant un article de « histoire de tongs » et je comprends pourquoi elle admire secrètement ta plume :)
Istanbul est probablement une des villes que je préfères dans le monde. C’est une des rares villes à l’agitation constante qui fournit de l’énergie et qui ne tente pas de la voler à ses habitants (comme Paris, l’énergivore, qui pour le coup, te fatigue pour une année en une demi-journée).
C’est marrant de voir que même en te laissant portée, tu t’es retrouvée dans les principaux lieux de la ville. C’est dommage que tu n’ai pas marché plus loin près de la tour de Galata, il y a un café absolument divin, complètement improbable qui se déploie sur les centaines de marches qui mènent à la tour. Enfin de toute manière, il faudrait toute une vie pour profiter de cette ville.
Je suis contente que tu sois quand même tombée sur la marché aux livres, qui pour le coup est un de mes préférés en ville.
Salut! Un grand merci pour ton message et tes impressions :) C’est marrant ce que tu dis sur l’énergie! J’avais constaté certaines villes particulièrement énergisantes, mais je ne m’étais jamais fait la réflexion en sens inverse.
J’ai une sorte d’amour familier pour Paris… Mais c’est vrai qu’elle ne me fait pas l’effet d’une Berlin, d’une Bucarest, d’une Istanbul ou d’une Athènes (la liste s’allonge, haha) niveau don d’énergie!
PS. Effectivement pour Istanbul, une vie! Je me réjouis d’y retourner plus longuement.
Super article ! En lire le fond avec l’appel de la mosquée en fond sonore est vraiment agréable et transporte !
Merci Anaïs :)